La ressemblance entre la pierre de Coadry et la Sainte-croix était trop évidente pour qu’elles n’aient pas été liées par la tradition. Il y a un millénaire un temple païen existait à Coadry. Mais un jour, Sainte-Candide et le Père Ratian vinrent évangéliser la contrée. Le temple devint alors vide de fidèles et tomba totalement en ruines. Or le seigneur de Céans, le comte de Trévalot, vit son château assiégé par son cruel et dangereux rival, le seigneur de Coaforn. Mais le comte, dans le danger, sentit ses dernières heures sonner, et comme il était pieux chrétien, il fit le vœu, en cas de victoire, de construire une chapelle en l’honneur du christ. Et ce fut la victoire ! Alors le vieux comte fit atteler un char de deux bœufs et chassa l’attelage de la cour du manoir. Les bœufs arrêtèrent leur course libre près du vieux temple ruiné de Coadry. C’est donc à cet endroit, conformément au vœu, que sera construite la chapelle de Coadry.
A peine les ouvriers étaient-ils sur place pour se mettre à la tâche, que les énormes ronces qui couvraient le temple avaient disparu, que les fleurs les plus belles s’étaient épanouies, que les pierres de croix étaient apparues et qu’une source avait jailli, douée de vertus médicinales particulières qui faisaient venir les pèlerins de bien loin...
On dit même que la chapelle fut construite avec l’aide d’un géant de 25 m de haut ! Au XIIe siècle, une disette et les pèlerins furent rendus responsables du mal. La chapelle fut alors incendiée par la populace, mais la fumée de l’incendie dispersa des tas de « pierres de croix », suivant la direction du vent qui était alors d’est en ouest, jusqu’à Coray même.
Deux siècles plus tard, on avait oublié le nom du Saint que l’on priait à la chapelle. On demanda alors à Dieu à qui elle pouvait être dédiée. La tradition veut qu’un vieux chant breton ait dit : « Parmi ces pierres, les unes portent la croix, les autres les clous et les épines de la couronne ».
A la suite de quoi, les gens du pays dédièrent alors la chapelle au Christ. C’est alors que les pèlerinages reprirent de bon train à Coadry ; les pauvres vendaient même les pierres en croix aux pèlerins de passage. Il y a un siècle, elles se négociaient pour la somme de 0,25 francs (0,25 F Or, bien entendu !).
Les pierres de Coadry seront sensées désormais protéger contre les naufrages, les chiens enragés, les maux des yeux, la folie.